« J’ai reçu mon diagnostic au début du confinement et j’imaginais le pire. »

Le cancer au temps du Covid-19 : un diagnostic à la veille du confinement.
Témoignage recueilli par Audrey Leyssens – Juillet 2020

Pauline est une femme d’action, une femme de décision, une épouse et une maman de deux petits enfants. Expatriée, cette Lyonnaise a fêté ces 39 ans mi-juin et se raconte sur la pointe des pieds.

C’est dans une vie trépidante que Pauline s’est embarquée depuis longtemps. Expatriée à Bruxelles pendant 13 ans, elle travaille ensuite à Malte pour une agence de l’Union Européenne, toujours accompagnée de sa tribu. Suite à une mutation, elle ramène homme et enfants dans la capitale belge en février. Pendant les préparatifs du déménagement, une mastite enflamme son sein gauche. Les antibiotiques ne sont d’aucune utilité. Pauline a compris, il y a des antécédents dans la famille. Elle obtient un rendez-vous à la Clinique du Sein du Chirec et précipite de 48 heures leur retour pour faire une biopsie. Les examens se succèdent et le 9 mars, soit 5 jours avant le premier jour de confinement, l’oncologue lui annonce qu’il y aura une chimiothérapie de 5 mois, une chirurgie, de la radiothérapie et une hormonothérapie ensuite. Reconnaissante de l’efficacité et la réactivité de l’équipe médicale, elle se lance dans le traitement sans hésitation.

Lorsque le moment du confinement survient, Pauline vient de faire sa première chimio et le couple et leurs deux enfants attendent sagement le jour du déménagement dans un Airbnb. Leurs affaires doivent encore arriver par bateau. Malgré des mesures strictes, monsieur contracte le Covid et se met en quarantaine dans le futur appartement pratiquement vide. De son côté, Pauline est confinée avec sa sœur et les deux enfants. Les angoisses générées par le Corona se superposent aux angoisses du cancer jusqu’à ce qu’elle développe le virus à son tour. Elle est hospitalisée 5 jours, 5 jours rythmés par les visites du personnel soignant habillé en combinaison de protection. Les amies se mobilisent pour les courses et les repas des petits, restés seuls avec sa sœur. Le week-end de Pâques, c’est en vidéo qu’elle voit ses enfants chercher les œufs en chocolat. Des moments difficiles durant lesquels son oncologue et son onco-psy font, dit-elle, un travail de soutien formidable. Les angoisses s’estompent. Elle a combattu le Covid, il en sera de même pour le cancer. Elle rejoint son mari en quarantaine et, une semaine plus tard, ils retrouvent sa sœur et leurs enfants. Réunie, la famille se construit un nouveau rythme de vie.

Pauline a appris à se reposer et à utiliser le yoga de Re-source pour recharger ses batteries. Elle médite, écoute la radio, va reprendre des cours de céramique. Elle, qui n’avait pas l’habitude d’être à la maison, est devenue reine en cuisine et spécialiste de la tarte aux fraises. Elle poursuit son chemin thérapeutique et prend des décisions cruciales avec beaucoup de cran.

« J’ai vécu le début du confinement comme une double condamnation à mort.
Si je ne mourrais pas du cancer, j’allais forcément mourir du Coronavirus. Si j’étais contaminée par le Covid – en cas de manque de place en réanimation et en tant que malade du cancer – je passerais après les patients bien portants, on ne me mettrait pas sous respirateur, la crainte que mes traitements puissent être suspendus, etc… J’échafaudais des scénarios catastrophes. Le manque d’informations sur le sujet a été très difficile à vivre. »

Pauline