« Le Covid est comme le cancer, on ne le voit pas, il est insidieux. »

Le cancer au temps du Covid-19 : quand le Corona fait irruption après les traitements.
Témoignage recueilli par Audrey Leyssens – Juillet 2020

Nous sommes en mai 2019, depuis 4 mois, Virginie est épuisée. Ultra sportive, maman de deux petites filles et directrice d’un centre PMS, cette boulimique d’activités se voit obligée de refuser des vacances au ski et arrêter la course à pieds, elle ne se reconnaît plus. Le médecin opte pour une fatigue hivernale, sans plus.

Virginie ne comprend pas ce manque d’allant et le printemps arrive sans apporter d’amélioration. La petite boule qui apparaît alors en son sein sonne comme une évidence. Le 7 juin, coup de tonnerre dans un ciel bleu, son cancer est un triple négatif, une forme agressive. Il faut sortir l’artillerie lourde et entamer une chimiothérapie illico. En pleine canicule de l’été 2019, elle commence les traitements, clôture les dossiers du boulot et assure l’écolage de sa remplaçante. Elle puise dans ses réserves.

Virginie éprouve le besoin de rencontrer des femmes qui vivent la même chose et intègre rapidement les activités de Re-Source. Cela lui permet de démystifier les souffrances physiques et psychologiques liées aux chimiothérapies, d’accepter le moment clé de la perte des cheveux. Pas à pas, l’appréhension des effets secondaires s’apaise et la gestion des agendas des enfants se met en place. Au moment où Virginie a trouvé un rythme, débute une nouvelle et double chimio pour 12 semaines. Elle souffre d’anémie sévère et ses globules blancs sont si bas qu’elle doit appliquer les mesures de protection, l’isolement certains jours, le lavage fréquent des mains. Mais l’effort paie, sur l’IRM fin octobre, la tumeur a totalement disparu. L’information semble surréaliste, le ciel s’éclaircit. Après la chirurgie, les séances de radiothérapie s’enchaînent jusque mi-février. Comme quelqu’un qui a été à la diète et se retrouve face à un magnifique buffet, Virginie reprend goût à la vie. Elle planifie des vacances au ski. Voilà une année difficile qu’elle va pouvoir boucler.

 

Mais le Covid entre en scène. Dans un premier temps, Virginie fait preuve de résilience, elle va profiter de ses filles et connaît déjà les gestes barrières. Loin de Re-Source, du personnel soignant et de ses copines de chimio, l’isolement social devient vite insupportable. Elle souffre de troubles cognitifs dûs aux traitements et du rôle parental permanent qu’impose le confinement. Sournoises, les questions anxiogènes prennent le dessus :  ‘le Covid est comme le cancer, on ne le voit pas, il est insidieux, est-ce que je l’ai ou est-ce une récidive ?’. Elle se cache pour pleurer, elle ne dort plus, perd du poids. Les informations contradictoires véhiculées par les médias et les réseaux sociaux à propos du Coronavirus renforcent son irritabilité. Viennent se greffer le volet financier et la gestion administrative qui ne suivent pas en situation Covid. Virginie s’effondre. C’est au cours d’échanges avec Re-Source que l’équipe lui fait prendre la mesure de sa détresse et lui fait bénéficier de séances de coaching. En parallèle, elle accepte une prise en charge médicamenteuse prescrite par son médecin, le temps de reprendre son souffle.

En phase de déconfinement, Virginie va mieux et réalise que, parfois, il est plus bénéfique de privilégier une activité pour son bien-être que de répondre aux attentes des proches. Elle s’autorise à ne plus être la même personne qu’avant et envisage de reprendre le travail à mi-temps pour commencer. Ce sera déjà un bon début, mais ce n’est pas pour tout de suite. Cet été, elle se reconstruit.

C’est chez Re-Source que j’ai découvert les seules personnes avec lesquelles j’ai pu rire de tout ça et que j’ai entendu pour la première fois des questions comme ‘Qu’est-ce qui te fait du bien ? Comment puis-je t’aider ? Comment mieux vivre la chimio ? Comment faire face aux réactions et propos inadéquats de l’entourage ?

C’est là encore que j’ai trouvé des réponses. Grâce à ces échanges et à la revalidation cardio et musculaire, j’ai tenu le coup et pris conscience que ce traitement difficile était là pour me sauver la vie.

Virginie