« Dans cette maison, je me suis sentie comprise. »

A cause de la chimio, j’avais très mal aux pieds. Pour certains, cet inconvénient n’est qu’un effet secondaire. Pour moi, c’était une réaction insupportable. Je n’ai pas de vie secondaire.

Avec mes douleurs dentaires, c’était encore pire: elles ne figuraient pas du tout sur la liste des effets secondaires. J’ai donc dû me débrouiller toute seule. Chaque fois que je me cognais à ce genre de mur, je gardais mon calme. Mais, à la maison, je pleurais pendant des heures.

Dès ma première visite chez Re-Source, je me suis sentie comprise. Mon histoire a été immédiatement prise au sérieux, même si personne n’avait de solution toute faite. ‘Nous allons chercher avec toi’, m’a-t-on dit. Du coup, ma solitude m’a paru moins intolérable.

J’ai également reçu diverses propositions d’activités auxquelles je pouvais m’inscrire. Mais, en raison de mon statut d’indépendante, j’étais confrontée à des problèmes financiers. ‘Aucune importance’, m’a-t-on dit, ‘tu es la bienvenue!’ J’ai eu l’impression qu’on me branchait à une bouteille d’oxygène.

J’ai suivi des ateliers sur l’hormonothérapie. Une thérapie que, pour ma part, je supportais mal. La ménopause artificielle dans laquelle j’ai été plongée s’est accompagnée d’une violence physique impitoyable. Comme un tgv qui rentre dans un mur. Mon moral en a été gravement affecté. J’ai dû prendre des antidépresseurs. J’étais profondément ébranlée.

11 femmes de tous âges participaient aux ateliers sur l’hormonothérapie. Comme premier exercice, nous avons dû mettre par écrit tout ce que le terme ‘hormonothérapie’ nous évoquait. Lorsque nous avons rassemblé nos notes, nous avons constaté avec stupéfaction combien elles étaient semblables. Alors que nous n’avions pas encore échangé un mot. Jusqu’alors je croyais que j’exagérais ou – qui sait – que j’étais dingue. Mais là, j’ai vu que tout correspondait. Et ça m’est apparu comme un nouveau départ. Ça m’a donné beaucoup de courage. Maintenant, au moins, nous regardions la réalité en face. C’est indispensable pour pouvoir chercher des solutions.

Très important également, un médecin est venu nous expliquer en détail ce que cette thérapie faisait à notre corps. Pas en vitesse entre la poire et le fromage: il y a consacré toute une matinée. Si on ne comprenait pas du premier coup, on pouvait lui demander de répéter. De plus, l’explication du médecin était très visuelle. Dès ce moment, j’ai commencé à comprendre ce qui m’arrivait, et j’ai pu rechercher les moyens de soutenir mon organisme.

Un autre atelier qui m’a ouvert les yeux est celui sur la reprise du travail. Nous avons dû répondre à des questions sur notre rythme. Si vous retourniez travailler quelque part, souhaiteriez-vous une semaine de 4 ou de 5 jours? Et combien d’heures par jour?

Bien sûr, je savais déjà que je n’avais plus le même niveau d’énergie qu’auparavant. Et pourtant. C’est seulement en répondant à ces simples questions que je me suis rendu compte que tenter de reprendre mon ancien job serait une mauvaise idée. Cet exercice était une invitation à récolter la sagesse acquise au cours des deux années précédentes. Quel cadeau!

 

Témoignage recueilli par la Candras Foundation – Mai 2022
www.candras.org

Déborah