« Choisir de porter la tête nue et la tête haute. »

Je me souviens de ce jour dans un café, j’étais assise non loin d’une femme qui assumait complètement d’être chauve. Je la trouvais très belle, sa tête nue et son style vestimentaire lui allaient à merveille. Je me suis dit que si la chimio était confirmée, j’espérais avoir le courage d’assumer ce port de tête sans perruque, sans foulard, le courage de m’assumer sans cheveux…

Quelques semaines après la chirurgie, le verdict fut confirmé, j’allais passer par cette difficile épreuve de perdre ma chevelure…

Comme la plupart des femmes, je me suis rendue au magasin de bonnets et prothèses capillaires, me demandant de quoi j’aurais l’air après la chute et si j’avais un beau crâne. Avant le traitement, j’avais les cheveux longs. Je choisis de les couper en deux temps. C’est mon compagnon qui les tondit lorsqu’ils se mirent à tomber et, dernière étape, il les rasa.

Je mettais la perruque ou le foulard pour aller chercher mon fils à l’école. Je ne voulais pas qu’on remarque quoi que ce soit. Mais chez moi, avec ma famille et mes amis, je n’avais aucun problème à me montrer au naturel.

Le confinement est arrivé et il n’y eut plus qu’une sortie par semaine pour aller à l’hôpital, je portais le foulard. Avec les beaux jours et la chaleur, j’avais de plus en plus difficile à supporter cet artifice sur la tête. J’ai alors décidé de ne plus la couvrir sur ma terrasse. Après plusieurs jours de préparation mentale, j’ai osé franchir le pas et mes voisins n’ont rien changé à leur comportement.

Début juin, je suis revenue d’une chimio sans mon foulard, sur un coup de tête (sans jeu de mots), mon cœur battait la chamade. Je me suis sentie soudain tellement libre. J’avais eu le déclic.

Je me suis rendue compte que je me cachais derrière un foulard ou une perruque pour les inconnus. Ma réflexion fut la suivante; Qu’est ce que ça change? Avec le foulard, on voit que j’ai le cancer, alors pourquoi je ne pourrais pas être sans? On voit la même chose, non ? Je suis la même personne.

Depuis, je me promène comme ça. Oui, il y a des regards, plutôt curieux, certaines personnes baissent les yeux mais je n’y prête plus attention car je me sens bien. Il y a des remarques d’enfants qui me font sourire et il y a des réactions bienveillantes qui réchauffent le cœur. J’ai découvert un sentiment de liberté et les sensations procurées par la brise du vent ou les gouttes de pluie sur le crâne.

Il ne faut pas avoir peur de se montrer comme nous sommes. Plus nombreuses nous serons à assumer la tête nue, plus cela deviendra une normalité, ne nous cachons pas.

Mesdames, osez …

Juillet 2020

Alexandra