« Grâce au qi gong je fais de ma respiration une alliée. »

Quand je suis venue ici pour la première fois, je traversais une période difficile, avec beaucoup de douleur. Physique et mentale. J’étais aussi très anxieuse – je redoutais la rechute. Et j’étais fatiguée. Si fatiguée.

Je me suis inscrite au qi-gong, une forme de gymnastique douce, basée sur le travail du souffle et la circulation de l’énergie. Une méditation en mouvement, pour ainsi dire. Christophe, le professeur, nous a proposé des exercices très simples, qui m’ont tout de suite fait beaucoup de bien. Mes angoisses, qui me perturbaient tant, ont disparu. Je me suis sentie si légère.

Après quelques cours, je me suis réveillée à la maison, de nouveau très fatiguée et anxieuse. Je me suis mise au milieu de mon salon, et j’ai fait un des exercices de Christophe. À chaque inspiration, je sentais mon niveau d’énergie augmenter; et, à chaque expiration, ma fatigue et mon anxiété s’estompaient. Grâce au qi gong, j’ai pu me reconnecter à mon souffle avec sérénité. Le souffle sur lequel je peux porter mon attention pour revenir au calme dans les moments de turbulence. Faire de ma respiration une alliée, un point d’ancrage et de sécurité plutôt qu’une source de stress. Pour quelqu’un qui souffre d’un cancer du poumon, c’est particulièrement important.

À l’hôpital, dans une première phase, j’ai bénéficié de traitements curatifs. Dans ma tête, j’avais un moral de guerrière. Nous allions éradiquer ce cancer jusqu’à la dernière cellule. Mais, au bout de deux ans, le médecin m’a annoncé que nous allions devoir passer à un traitement stabilisateur. Autrement dit, j’allais devoir apprendre à vivre avec ces cellules cancéreuses – un message très dur pour moi.

Un peu plus tard, je me suis souvenue de quelque chose que j’avais moi-même écrit lors d’une activité de quartier. Il s’agissait de plantes. J’estimais que rien ne nous obligeait à détruire le moindre puceron. J’écrivais que plutôt que de combattre les pucerons à l’arme chimique en cherchant à tous les éliminer, une alternative est de booster le terrain avec du compost, pour rendre la plante plus forte et résistante aux attaques de pucerons. Tout à coup, je me suis rendue compte que, dans mon corps, c’était pareil.

J’ai commencé à considérer mes cellules cancéreuses comme des pucerons avec lesquels je peux cohabiter à condition de bien prendre soin de mon corps. C’est ce que je fais avec le qi-gong. Chaque matin, je commence par quelques exercices. Ça fait désormais partie de mon hygiène de vie.

Je suis maintenant sous traitement depuis six ans. Mais je me sens très en forme. Je suis si reconnaissante à Re-Source. De m’avoir fait découvrir le qi-gong. Et tout simplement d’exister. J’élève ma fille seule. C’est à la fois un moteur qui aide à tenir le coup, mais c’est aussi une source d’inquiétude et d’épuisement nerveux car on cherche le plus souvent à protéger ceux qu’on aime. A penser aux autres, on s’oublie un peu soi-même donc avoir un soutien extérieur, hors sphère familiale ou amicale, est quelque chose de vraiment précieux.

Je me souviens qu’un jour, je suis arrivée ici avec de mauvaises nouvelles à propos de ma santé. Les autres se sont littéralement regroupés autour de moi. J’en ai la chair de poule quand j’y repense. En un pareil moment, on est bien entouré, au sens propre du terme.

Je ne viens ici que pour participer à des activités, jamais dans le seul but de m’épancher. Mais je pourrais passer ici pour parler si j’en ressentais le besoin. Le seul fait de savoir que cette possibilité existe fait vraiment la différence.

 

Témoignage recueilli par la Candras Foundation – Mai 2022
www.candras.org

Carine